Pandemic Legacy: un GRAND jeu, un jeu historique.

pandemiclegacy
Disponible chez tous les bons virologues.

Oui, il m’est déjà arrivé de faire dans l’hyperbole (qui, je le rappelle, n’est pas un super-héros avec de bons résultats scolaires), mais croyez-moi il y aura un « Avant » et un « Après » Pandemic Legacy ». Déjà, c’est l’un des jeux qui m’a fait vivre le plus d’émotions « pures » de tous ceux auxquels j’ai joué. Juste ça lui vaut d’emblée mon meilleur jeu de 2015 et un spot dans mon top 5 à vie, mais lisez ce qui suit si vous voulez comprendre toute l’ambition de cette boîte de carton pas particulièrement économique (~80$), qu’il faut d’ailleurs que je mette aux poubelles (recyclage, bon) parce qu’elle ne me sert plus à rien.

L’avertissement est obligatoire: le jeu a une « storyline », et je ne vais (presque) rien en dévoiler (« spoiler »), mais tout ce qu’il est possible de voir/déduire à l’ouverture de la boîte d’après les composantes est « fair game », avertissement aux puristes qui voudraient se réserver entièrement la surprise. La partie se dévoile comme une effeuilleuse gênée, un morceau à la fois.

Oui, une carte déchirée, kaputt, morte, irrémédiablement endommagée.
Oui, une carte déchirée, kaputt, morte, qui a passé l’arme à gauche. Une Ex-carte.

Bon, vous êtes toujours là? En partant, on va présenter l’éléphant dans le salon: j’ai adoré ce jeu-là, mais je ne pourrai plus jamais y jouer. Je ne peux pas non plus vous le prêter, une bonne partie du matériel étant irrémédiablement endommagé, le jeu n’est plus vraiment jouable dans sa forme actuelle. Il est fait pour jouer de 12 à 24 parties, soit 1 à 2 parties pour chaque « mois » d’une année fictive, et après c’est fini, c’est au recyclage. Même pas bon pour les ventes de garage.

C’est son plus gros défaut: si vous voulez vivre cette expérience-là (parce que c’est vraiment une « expérience »: ça a un début et une fin, c’est un « show »), il va falloir que vous vous trouviez une tonne d’affaires:

    1. Une copie neuve du jeu (disponible en Français!)
    2. Entre 12 et 18 heures de votre vie, idéalement étendus sur pas plus d’un mois ou deux.
    3. Trois amis qui ont les mêmes disponibilités, et qui ne l’ont pas déjà joué.
    4. Le courage de passer par-dessus votre TOC pour déchirer des cartes et écrire au stylo sur du matériel de jeu. Il faut le faire, l’effet est pas le même sinon.

Regardez ci-dessous si vous n’êtes pas familiers avec le ce jeu coopératif désormais « classique », mais à la base c’est Pandémie, on guérit des maladie en équipe, du moins au début. Au fil du jeu vont s’ajouter des objectifs, règles et actions qui vont énormément modifier ce qu’il y a à faire pour vaincre le jeu. À la fin, on ne jouait carrément plus à Pandémie.

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une boîte scellée sur le point de cracher ses secrets…

À chaque partie, vous ferez « évoluer » votre jeu de façon unique: vous donnerez des nouvelles capacités (et/ou séquelles psychologiques) à vos personnages/pions (e.g. 1 carte de plus dans votre main), vous choisirez de changer certaines règles de jeu (e.g. besoin d’1 carte de moins pour trouver un vaccin), vous ouvrirez des petites boîtes opaques scellées qui dévoileront des actions et des composantes de jeu qui changent radicalement le déroulement de la partie, vous collerez des niveaux de panique sur les villes à mesure qu’elles auront des éclosions de maladies diverses. Bref, vous laisserez votre marque sur le jeu, et c’est ça qui est… euh… marquant.

Montréal en décembre. Ça allait pas ben.
Montréal en décembre. Ça allait pas ben.

Dans notre cas à la fin de la partie (fin du « mois de décembre »), Montréal était en train de sombrer dans le désordre civil: on ne pouvait plus prendre l’avion pour y aller, ni même y entrer en automobile sans taxer nos ressources. Montréal était en désarroi, même Denis Coderre n’y pouvait rien. On avait quasiment « perdu » Montréal… c’est TRÈS puissant comme sentiment dans un jeu de perdre pour de bon quelque chose. Si une ville « tombe » pendant la partie « Janvier », elle va rester comme ça et te pourrir la vie pour le restant des 11 à 23 parties, alors quand tu es confronté à un choix entre « régler un problème immédiat » et « empêcher une ville d’aggraver son état », c’est un choix déchirant et permanent, et il faudra en assumer les conséquences. C’est carrément enivrant.

Est-ce contagieux (haha)

Circulez, citoyen, y'a rien à voir...
Circulez, citoyen, y’a rien à voir… de secret en secret…

P:L ne règle pas les problèmes de Pandémie (car y il en a): c’est toujours un jeu qui est susceptible au « Gamer Alpha » imposant ses stratégies pour tout le monde, alors ça dépendra de l’harmonie de votre groupe de jeu. C’est aussi un jeu qui à l’occasion est absolument impossible juste à cause d’un coup de malchance (certaines parties sont perdues dès le « setup », et ça énerve un peu). Mais il serait tout à fait honnête de dire que le format Legacy apporte tellement à Pandémie que l’importance de ces défauts devient quasiment négligeable. Autrement dit: envisagez-le même si Pandémie n’est pas votre jeu préféré.

SPOILER ALERT!!!! Cette pièce de jeu a ses règles, ses actions, ses stratégies, et n'est certainement pas présente dans le jeu de base.
SPOILER ALERT!!!! Cette pièce de jeu apporte de nouvelles règles et stratégies qui changent carrément la donne…

« L’Histoire » du jeu, narrée au fil des mois, ne gagnera pas d’Oscar, mais fournit assez de rebondissements pour nous garder en haleine, pour nous donner envie de faire « juste une partie de plus ». Vu le succès de la « Saison 1 » (il a grimpé illico au sommet du palmarès de BGG!), il y aura certainement une Saison 2, et je surveillerai avec attention Seafall, du même auteur qui est aussi au format « Legacy ».

Je vous le recommande chaudement: vous n’aurez jamais joué à quelque chose tout à fait comme ça.

PS: Sauf vous, les rôlistes, au fond là-bas… vous vous avez déjà tout vu ça (l’émotion, les conséquences permanentes, le « comme si vous y étiez »…), arrêtez de rire un peu et dites vous qu’il était temps que nos amis du jeu de société découvrent tout ça…

5 réflexions au sujet de « Pandemic Legacy: un GRAND jeu, un jeu historique. »

  1. Le jour où il y aura un « Arkham Horror Legacy », pourquoi pas… Mais comme vous le savez déjà, je n’ai aucun fun à jouer à Pandemie. Si ça amplifie les émotions ressentie, j’ai bien peur que mon ennui devienne incommensurable. 😉

    1. Arkham Horror Legacy, c’est en soi une superbe idée. Honnêtement, beaucoup de jeux pourraient bénéficier du « traitement Legacy ».

      D’autres personnes appellent ça des jeux de rôles, remarque 🙂

  2. Ne lance pas l’idée à Wizard of the Coast… C’est sûr qu’ils nous font un « Magic Legacy » dans les 30 jours : monstre tué, carte déchirée… ^^

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