Mon jeu de l’année 2017… est une extension.

Je joue à des jeux de société pour l’émotion. Au sein de mon imaginaire, chaque situation tordue, chaque puzzle à première vue insoluble, chaque seconde d’un sablier qui s’écoule apportent des sentiments que ne pourront jamais reproduire même jeux vidéos ou films. Parce que je partage autour d’une table de jeu des univers entiers avec mes adversaires ou coéquipiers, des histoires, des moments complices et exaltants.

Rien de paru en 2017 n’illustre mieux cette raison fondamentale que mon coup de coeur de l’année, qui est une boîte pourtant inutile sans le jeu de base; une vile extension. N’en faisons pas de cas, entendons-nous donc pour « la meilleure boîte de carton à vocation ludique publiée cette année », et passons aux choses sérieuses.

A long time ago… genre l’an passé

On va, si vous le voulez bien, faire abstraction du fait que le jeu de base est environ 130$ et qu’il faut ajouter 50$ pour l’extension. Je sais, ça fait mal.

Star Wars Rebellion, sorti en mars 2016, propose de rejouer la trilogie originale de Star Wars à notre façon… Rébellion contre Empire, Bien contre Mal, La Force contre le Côté Obscur. Obi-Wan qui détruit la Death Star? Boba Fett qui confronte Léia sur Dagobah? Amiral Ackbar dans la Carbonite? Tout est possible. Comme je le mentionnais en couronnant Scythe l’an passé, c’était un bon jeu, mais pas un excellent jeu. Il souffrait en particulier d’une tare bien précise mais presque fatale pour un « wargame »: les combats, en théorie des batailles épiques et enlevantes, étaient…  un peu tristounets. On se surprenait à envisager un combat avec la même trépidation que le fond réchauffé d’une bouteille de bière (i.e. « le finir au plus vite pour commencer autre chose »).

Arrive alors « Rise of the Empire », que j’envisageais ne pas acheter « à moins vraiment que ça vaille la peine ». À l’intérieur, de nouvelles composantes inspirées de Rogue One mais surtout un petit « point marketing » tout anodin: « New tactic cards that lead to more fully cinematic combats… »

Ainsi ils tentaient de corriger le tir, de rebalancer la Force. Tout comme la Rébellion, je me nourrissais d’espoir.

Nouvelles unités tirées principalement de Rogue One, nouvelles cartes de mission, nouveaux objectifs, nouveaux leaders dont Jabbat the Hutt qui peut envoyer des héros au Sarlacc, marqueurs étranges, dés verts mystiques et … des promesses d’un nouveau système de combat.

Ta-ta-ta-taaaaaa…taaaaa…tat-ta-ta-taaaaaaa…taaaa….

L’univers, c’est grand, et le Rebelle peut se cacher n’importe où dans ce fatras. Mais l’Empire élimine des localisations possibles à chaque tour, son étau se resserre…

À première vue un jeu bête et méchant de « trouvez la base », on découvre au fil des parties un jeu avec beaucoup plus de subtilités: chaque adversaire a un malin plaisir à tenter de bluffer, feinter, ou surprendre l’adversaire en dépêchant les personnages de Star Wars dans des missions thématiques (« Frappe surprise », « Capturer un leader ennemi », « Sabotage », etc.). L’alliance Rebelle, beaucoup moins puissante en nombre, se faufile et use de tactiques de guérilla pour échapper à l’Empire, qui envahit lentement mais inexorablement la galaxie et se doit de le faire avant que les Rebelles n’aient accompli trop de leurs Objectifs (notamment « détruire la Death Star »). Le jeu n’est pas simple mais est assez accessible pour jouer avec mon plus vieux, qui a maintenant entamé sa seconde décennie d’existence.

Il faut dire que j’ai redécouvert cette année les jeux qui prennent le temps d’être savourés, lors d’un après-midi de fin de semaine ou d’une soirée entre amis. Un « cinq services » plutôt qu’une « poutine su’a fly« . À 3h-4h la partie, Rébellion se laisse déguster, un peu comme une trilogie de films oserais-je dire.

In a galaxy far, far away…

Fiston avait remporté cette victoire, comme en témoigne la présence incontestée de Lord Vader lui-même au sein des ruines de la base rebelle.

On n’a pas besoin de tout changer pour tout changer, dit mon ami un bon ami à moi (mais ce n’est pas de lui mais il le dit TOUT LE TEMPS), et Rise of the Empire le montre bien. La tare fondamentale du jeu, le combat, a selon moi carrément disparu avec l’addition de cartes et quelques modifications de règles, qui s’ils n’en font pas le point fort du jeu, n’en font plus un obstacle. Problème réglé (bravo!), ce qui laisse libre cours au jeu de base, qui est un design solide, pour briller de tous ses feux.

Et il est tellement BEAU sur la table ce jeu-là, dans toute sa grandeur et ses centaines de figurines! Des petites Death Stars!

Au final, aucun autre jeu cette année ne m’aura apporté autant de joie, de complicité, d’émotions que Star Wars Rebellion. S’il m’avait bien amusé et impressionné l’an passé, cette année Rise of the Empire le consacre comme un des bijoux de ma collection, et certainement mon jeu de l’année. Ce n’est fort probablement pas le jeu pour tous… long, complexe, hyper dispendieux. Mais cette année, c’était le jeu pour moi.

Bonne nouvelle! Ceux qui détiennent la version française peuvent s’attendre l’an prochain à la parution de Star Wars Rébellion: l’Avènement de l’Empire, la version française de l’extension. si je n’avais pas déjà tout acheté en anglais, je le ferais en français pour pouvoir jouer encore plus facilement avec mes fistons…

Mentions honorables

Gloomhaven est arrivé en octobre, avec ses 22 livres (10 kilos) d’amour cartonné. À 150+ heures de jeu promises, je ne l’ai qu’égratigné, et … c’est très bien. Mais seul le temps dira si c’est assez bien.

7th Continent a longtemps été le « maillot jaune » pour moi. Mais ça s’est essoufflé, ou du moins n’a pas vu autant de « temps de table » qu’il aurait dû, pour des raisons que j’ignore. Toujour un superbe jeu, que je suis content de compter dans ma collection, et dont la flamme brûlera sûrement assez longtemps.

Warhammer Underworlds: Shadespire les « jeux de ligues » comme Blood Bowl m’ont procuré des années de bonheur (on pourrait probablement considérer BB comme mon « jeu de l’année » chaque année des années ‘2000), et si je devais m’en choisir un cette année, il s’agirait sûrement du très bien fait Shadespire. Une mention toute particulière aux FANTASTIQUES figurines, superbement sculptées et qui s’assemblent sans colle!

Nusfjord: le tout dernier d’Uwe Rosenberg, est un charmant jeu à placement d’ouvrier où l’air salin de la mer vous titille presque les narines et où les … baaaaaah, j’vous niaise. Pas capable de m’enthousiasmer pour de la présevation de poissons et de la construction de bateaux. Donnez-moi de l’exploration au moins!

Pandemic Legacy Season 2 n’est pas encore déballé (je l’ai reçu en fin d’année)… la Saison 1 était mon jeu de l’année en 2015. Peut-être sera-t-il en chaude compétition avec Gloomhaven pour mon coup de coeur 2018?

Decrypto, ce petit bijou dont je ne refuse jamais une partie et qui conquiert lentement mais sûrement mon entourage, ne peut être mon jeu de l’année puisqu’il ne sort que l’an prochain. Mais c’est un puissant générateur d’émotions. Il sera donc conséquemment mon jeu de l’année l’an prochain. C’est inévitable. C’est son destaing.

 

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