C’est devenu à la mode de casser du sucre sur le dos de notre organisme gouvernemental préféré, j’ai nommé l’Office Québécois de la Langue Française (OQLF). Bien qu’ils ne soient pas irréprochables (j’y reviendrai), je trouve un peu injuste que tout le monde déchire sa chemise sur le sujet. Je ne suis pas un zélote du français (loin de là), mais je vais mettre mon habit ignifuge et essayer de mettre un peu de perspective là-dedans.
On va poser une prémisse, toute discutable mais il faut bien partir quelque part: c’est une chance qu’on a de parler français au Québec. Maîtriser plus d’une langue est une bonne chose, ça permet d’autres perspectives, d’autres façons de voir et de comprendre le monde qui nous entoure. C’est important. Sachant qu’on est entouré d’une mer de 350 millions d’anglophones, pour peu qu’on veuille on va tous pouvoir apprendre l’anglais et le parler c’est sûr, ça reste la langue « quasi-planétaire » et une sacrée langue de commerce. Par contre, l’histoire nous montre que si notre langue n’est pas promulguée et protégée, à terme on va la perdre, ce qui sera une perte sèche pour tout le monde. Voilà. Si vous êtes en désaccord à ce point, autant arrêter tout de suite de lire, les chances qu’on s’entende sur le reste sont minces.
L’OQLF exécute la loi 101. À la base, la loi 101 n’est pas là spécifiquement pour m’empêcher d’acheter XCOM ou Imperial Assault, je suspecte même que l’OQLF en est bien consciente. Elle a été mise en place pour que mes Transformers/GI.Joe aient les deux langues sur le paquet quand j’étais jeune (vous pensez vraiment que Hasbro aurait fait traduire sinon pour moins de 1% de consommateurs?), et pour qu’on aie accès à des éditions françaises de Monopoly. C’est aussi probablement à cause d’elle que j’ai mis la main sur la boîte rouge de D&D en français, avec les conséquences funestes qu’on connaît maintenant. Je suis bien content qu’il me soit plus facile de trouver de jeux de société en français pour mon fils de 8 ans qui se débrouille bien en anglais mais pour qui jouer un jeu avec beaucoup de texte est encore difficile. À une époque où je tombe couramment sur des gens ne parlant pas un mot de français dans mon quartier, je suis quand même content que quelqu’un force les Wal-Mart et Target et Bureau en Gros de ce monde à afficher en français pour leur fournir au moins un incitatif de plus pour essayer de s’intégrer.
[Accessoirement, je détesterais pas que Netflix offre plus de contenu pour enfants en français, mais là défendre l’OQLF et le CRTC dans un seul billet, c’est maso un peu.]
J’en viens donc à mon sujet principal: pauvre fonctionnaire de l’OQLF. Appellons-le Jean-Marc. Jean-Marc a pas envie de faire fermer quelque magasin que ce soit, mais il doit appliquer la loi quand il a des plaintes. C’est sa job. Je veux pas blâmer trop le petit magasin de jeux, mais… pourquoi vous avez pas justement suivi les règles du jeu? Pour y avoir été quelques fois j’y ai toujours été abordé en anglais, et avoir un site « anglais seulement » pour un commerce rue St-Denis, c’est vraiment ordinaire; une version française ce n’est ni cher ni impossible. C’est pas vous qui êtes la cible pour l’OQLF, mais si vous tombez sur leur radar, ils auront pas le choix de passer le « checklist légal » sur votre magasin, pour plein de douleur généralisée. Faut se comprendre y’a des zélés: j’avais lu un article ou l’un d’eux (pas Jean-Marc) s’acharnait à vouloir corriger la traduction officielle de « briqueleur » à « briqueteur » parce qu’il trouvait le premier ressemblait trop à « brick layer ». Tuable. Comme dans tous les métiers, y’en a des bons et des moins bons, mais personne ne semble vouloir mentionner qu’ils n’avaient pas encore donné d’amendes, et n’avaient peut-être même pas l’intention de le faire jusqu’à ce que le gars du magasin s’assure de faire toutes les « front pages ». Maintenant, il va bien falloir qu’ils le fassent s’ils veulent conserver leur crédibilité. Well played, champion.
Ce qui m’amène à mon dernier point, qui est un peu à la base de tout. De ce que j’ai lu et vu, la différence entre un disque de Kanye West (non-traduit, fort heureusement) et un jeu de société, c’est que l’un est un « produit culturel » et pas l’autre. Est-ce qu’on peut s’entendre qu’en 1977 quand la loi 101 a passé, « jeu de société » se limitait pas mal à Monopoly, Jenga et Scrabble et qu’ils ne pouvaient pas vraiment prévoir que ça deviendrait un phénomène culturel? Alors plutôt que de taper sur « le messager », on attend quoi pour écrire une lettre nos députés pour faire reconnaître certains jeu de société comme « produit culturel », et régler ça comme du monde?
Ton commentaire rejoint beaucoup ce que je pense.
Disons que le sort d’une entreprise qui ne fait même pas l’effort d’avoir un site Web en français (ne serait-ce que partiellement traduit) ne me fera pas pleurer.
Je n’y suis jamais allé et n’y irai jamais non plus.
Ouaip, j’ai une quantité de pitié relativement petite. Et comme je dis dans le billet, s’il pensait avoir la clémence de l’OQLF, je pense que c’est pas mal grillé maintenant qu’il a été cogner à la porte de tous les The Gazoo de la ville… 🙂
Si le Gamer’s Vault est capable de faire l’effort de se conformer à la loi101 alors qu’il est sur Queen Mary, il me semble effectivement que l’effort demandé n’est pas surhumain pour un magasin sur Saint Denis.
Excellent point, Linnel.
J’aime beaucoup le Gamer’s Vault, ils sont super gentils, et ils ont un excellent stock.
Linnel?
Linnel.
http://www.lescoulissesdusport.ca/wp-content/uploads/2012/08/LionelDuval1.jpg
Damn, je commence à m’habituer avec mes collègues de cégep d’être un doyen. Mais ça, ça viellit un brin.