Mon corps est un vaisseau spatial

Qu’est-ce que la vie, sinon un long voyage dans le cosmos a 110 000 km/h?

C’est cette année, par un samedi après-midi qui n’avait tellement rien de spécial que j’en oublie même son mois, que je me suis rendu compte que j’avais le visage de mes quarante ans. « Dommage », me suis-je dit, parce que j’en ai trente-neuf.

Je ne sais pas ce à quoi ressemble exactement la quarantaine, si ce n’est que le visage que j’avais devant les yeux était un peu plus rond, avec un peu plus d’encre de chine. Un visage avec des yeux qui toisent maintenant plus facilement qu’il ne rient. Malgré cela, rien dans ce visage que me renvoyait le miroir ne laissait présager d’épiphanie. Elle m’est tout de même venu en un éclair.

Ouin, ben c’est ça mon corps. J’en aurai pas d’autres. *se sont écoulés de longs moments de réflexion*. Ça va faire la job.

Ce sont précisément ces mots me reviennent depuis cet instant, et m’apaisent quand j’ai quelque angoisse qui traîne à propos de mon physique. Me rassurent qu’il me portera à bon port, malgré les petits bourrelets qui voulaient sortir de mon t-shirt arborant fièrement (?) le logo de la radio étudiante de mon CÉGEP, malgré mon cuir chevelu reluisant là où j’aurais vraiment aimé qu’il reste mat, malgré les poils hirsutes à des endroits préférablement glabres, ou encore mon menton d’une droiture insatisfaisante.

Après tout, c’est mon vaisseau spatial. Oh! Il a parfois pas l’air bien élégant…. comme la bonne vieille Enterprise qui ressemble à rien avec ses deux affreuses nacelles et sa soucoupe. Va nécessiter beaucoup d’amour et d’entretien d’ailleurs, comme le Serenity. Il aura ses sautes d’humeurs et me trahira parfois, comme le Millenium Falcon au moment de passer en hyperespace. Mais jusqu’à ce qu’un beau jour, préférablement plus tard que tôt, il rende l’âme (mon âme) au détour d’une voie express hyperspatiale, ce sera mon habitacle à moi, mon moyen de transport, ma nacelle et mon refuge. Le seul que j’aurai jamais, d’ailleurs. Alors il va être ben correct.

Je vous parlerai peut-être un jour de mon prochain défi; après le fuselage, s’attarder à ce qui se passe dans le cockpit, c’est là que les tableaux de bords indiquent des méandres et trous noirs qu’il me faudra garder à l’œil. Mais pas cette année. Cette année je vais seulement me réjouir d’avoir fait la paix avec mon corps, c’est un privilège qui n’est pas donné à tous, et beaucoup l’ont probablement beaucoup plus difficile que je ne puisse l’avoir. À ceux-là, un souhait: donnez-vous le droit d’aimer votre reflet dans le miroir.

Il s’agit après tout d’un bolide filant à toute allure à travers les étoiles; il faut respecter ça.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *