Sur un coup de tête, j’ai acheté chez Renaud Bray un jeu de plateau publié par Schmidt, l’éditeur allemand qui fait du JDR/JDP grand public. Ce qu’on peut voir dès l’achat, ça s’appelle Grimoria et c’est fort joli.
Une fois la boîte ouverte, l’impression de matos de qualité se confirme : un plateau de jeu soigné et élégant, des cartes bien illustrées (même Manu devrait aimer, c’est tout dire), quelques tokens de couleur mais pas trop, et cinq petits grimoires reliés de toute beauté. Les règles du jeu tiennent en un document recto verso. S’y ajoutent des pièces d’or très classiques et un petit livret précisant sur les effets des cartes.
Le principe est simple. À chaque tour, chaque joueur lance un des sortilèges de son grimoire et s’approprie une des cartes aventures présentées sur le plateau de jeu – ce n’est pas sans rappeler l’excellent Citadelle. Tout est bon pour accumuler les points de victoire avant le dernier tour de jeu : compagnons, lieux, trésors et pièces d’or. Tout comme dans citadelle, le sortilège choisi détermine l’ordre de jeu et influence la collecte de la carte convoitée, qu’elle soit sur le plateau ou dans le jeu du voisin. Deux tours suffisent à comprendre les règles. Au final, on comptabilise les points de victoire.
Les bons points :
– La puissance des sortilèges est plafonnée par le tour de jeu : au début, seuls quelques sortilèges sont accessibles. Mais plus la partie avance et plus on a accès à des sortilèges puissants. Excellent pour l’apprentissage progressif et pour l’équilibrage de la partie. Mais en plus, plus le sortilège est faible et plus on a de chance de jouer en premier. La puissance a un prix.
– Anticiper le choix de sortilège des autres joueurs est un gros atout : il existe des sortilèges de neutralisation, et avoir choisi le même sortilège qu’un autre joueur vous relègue à coup sûr vers la fin de l’initiative. Les joueurs intuitifs ont leur chance tout autant que les fins stratèges.
– Le bluff est ton ami : c’est la conséquence du point précédent. Si tu arrives à anticiper que les autres vont anticiper ton choix, alors tu peux faire un choix plus pertinent de sortilège. À moins bien sûr que l’adversaire ait lui aussi anticipé que tu avais anticipé son anticipation… Des heures de plaisir !
– Règles simples, annoncées pour 10 ans et plus : il faut savoir lire et savoir compter jusqu’à 15. Le livret détaillant cartes et sortilèges ne fait que donner des détails pour des cas particuliers, le texte des cartes et du grimoire est suffisamment clair pour 95% des situations.
– Totalement grand public : zéro violence, zéro monstres, zéro amazones dénudées. On peut jouer la conscience tranquille avec ses enfants, sa belle mère ou sa grand-mère. Surtout si elles/ils ont vu Harry Potter.
– Parties rapides, 30 minutes selon les créateurs, peut-être plus 45 minutes (+15 minutes par Sylvain/Stéphane présent autour de la table).
Les moins bons points :
– L’occasion fait le larron : difficile de se bâtir une stratégie en début de partie, car ce sont essentiellement les premières cartes que tu vas récolter qui vont déterminer ce qui est payant pour toi. Comme les grimoires ont tous exactement les mêmes sorts, chaque joueur part en égalité stricte. Après, chacun aura peut-être sa méthode préférée (ruiner la stratégie des autres, accumuler les compagnons à effets spéciaux, accumuler l’or, piller ses petits voisins de table).
– Comptage des points laborieux : en fin de partie, l’addition est lourde entre les multiples trucs à ajouter et les effets spéciaux des cartes. Une petite feuille de comptage des points, comme dans la plupart des jeux de ce genre, s’avère indispensable.
Au final, Grimoria est très attrayant. Simple et efficace, pouvant convenir à la plupart des joueurs, stratèges et intuitifs devraient y trouver leur compte. La simplicité des règles entraînera peut-être une redondance au bout d’un certain nombre de parties, surtout si on joue souvent contre les mêmes adversaires. Mais c’est une pièce qui me semble bien sympathique pour préparer la relève rôlistique (regard entendu vers les Zacks, les Basiles, et autres Jézabelles).
J’invite tout le monde à l’essayer. Même chez moi, amenez la bière !
Esthétisme : 5/5
Richesse : 3/5
Simplicité : 4/5