Si vous aimez vos enfants, vous allez les encourager à apprendre à programmer. Sinon, vous êtes bien évidemment des parents irresponsables qui ne les aimez pas; Un cas de DPJ, c’est clair.
Et je ne parle pas juste pour ceux qui veulent devenir informaticiens ou ingénieurs! Je parle aussi de ceux qui veulent aller sur la construction, des comptables, des infirmières, des gestionnaires en ressources humaines, et des artistes.
Vous croyez que je blague? Pas du tout. Qu’ils soient infirmières, sociologues ou soudeurs industriels, les innovateurs auront tous un point en commun: ils sauront mettre la technologie à leur service et pas la subir. Ils la programmeront, la construiront, la comprendront. Une infirmière comprendra comment programmer la pompe à analgésique pour mieux soulager son patient, et un soudeur pourrait inventer du matériel plus sécuritaire pour pratiquer son métier. Même les artistes multimedia (modeleurs 3d, graphistes, animateurs) vous diront qu’une bonne connaissance de la programmation donne un bon coup de pouce, et peut faire la différence entre une personne qui excelle et une qui est « pas pire ». Regardez un peu le vidéo suivant (d’un programmeur), et dites moi que ce n’est pas de l’art:
Créer aujourd’hui, ce n’est pas comme créer hier
Les inventions du 20e siècles ont été beaucoup réalisées soit dans un atelier de garage (le Ford Modèle T), soit dans le milieu industriel (le microprocesseur). Les inventions du 21e sièces sont (seront?) plus démocratiques: grâce à Internet, les « morceaux » (GPS, ordinateurs, web, librairies logiciels, etc. ) n’ont jamais été autant disponibles, et les façons de les intégrer enemble si bien documentées. La plupart des composantes électroniques ne coûtent presque rien, et même des logiciels de calibre professionnel hyper-puissants sont gratuits à télécharger.
Vous avez une idée géniale qui demande de brancher un GPS avec un détecteur de chaleur, et faire un logiciel pour contrôler tout ça de votre téléphone intelligent en Bluetooth?? Donnez-vous quelques semaines pour d’apprendre, moins de 100$, et c’est fait… pour peu que vous ayez certaines bases d’électronique et d’informatique. C’est là la clé pour donner des moyens à vos ambitions.
Mais ma génération en a encore un peu peur; on se dit que « c’est trop compliqué », on a peur de « soulever le capot ». Si on veut que nos enfants n’héritent pas de nos limites, il faut les encourager en ce sens ou les condamner à être « consommateurs-utilisatuers seulement » de la technologie. J’ai pas dit de les forcer, mais au moins les encourager, les exposer, comme on les encourage à apprendre à lire et aimer la lecture.
(Ah, et pendant qu’on y est, en profiter pour éradiquer en bas âge cette vieille idée stupide que la techno c’est pour les garçons.)
On n’est jamais si bien servis que par soi-même (surtout quand on a pas le choix)
Avant que vous ne passiez le commentaire (je vous vois venir), non, il ne suffira pas de « payer quelqu’un qui sait le faire », bref de laisser l’informatique aux informaticiens.
Premièrement parce que ces personnes-là auront bien d’autre chats à fouetter pour leurs propres projets. Le choc démographique est déjà là, et les personnes qualifiées en technologies sont rares. Et comme disait mon professeur d’économie, quand c’est rare, c’est cher.
Mais surtout, c’est que pour bien comprendre toute l’étendue des possibilités, il faut connaître un peu la technologie. Pas toutes les technologies, pas toutes intimement, mais être suffisamment familier avec ce qui existe et ce qui se fait pour les mettre ensemble. Comment savoir si c’est simple de programmer une connexion Bluetooth (ça l’est) avant d’en avoir fait un peu?
Arrêtez un peu: facile à trouver, pas cher
Par où commencer? Il y a tant de ressources disponibles. Beaucoup de camps de jours et d’écoles offrent des « initiations à la programmation ». C’est un bon départ.
Il y a aussi de plus en plus de produits spécialement destinés à l’apprentissage et aux enfants, et ils ne sont même pas chers:
- Pour votre enfant de 6 ans, des Makerblocks (45$, entreprise québécoise!) ), qui permettent de créer des circuits électroniques avec des blocs.
- Scratch est un environnement de programmation développé au MIT, entièrement gratuit, et qui permet d’apprendre la programmation, avec même des blocs de variables et des boucles que tu « clique-glisse » pour construire ton programme. Essentiel pour ceux qui voudraient programmer des jeux vidéos.
- Un Raspberry Pi qui est un ordinateur de la taille d’un paquet de cartes (85$ pour un kit, manque juste un clavier/souris et de le brancher à la télé). C’est quoi le rapport? Parce qu’avoir son propre ordinateur « de spare » que tu peux installer/réinstaller/reconfigurer sans impacter le courriel de maman ou tes propres devoirs, c’est libérateur pour expérimenter et démystifier l’informatique. Vient avec Scratch installé par défaut d’ailleurs.
- Pour les enfants un peu plus vieux (7-8 ans disons), un robot éducatif programmable Mbot (80$). Se combine très bien avec le Raspberry Pi ci-dessus et se programme avec Scratch.
- Encore un peu plus vieux (10 ans?), un kit Arduino (150$, souvent en spécial a ~115$). Ça apprend les rudiments de l’électronique sans soudures.
Think of the enfants
Alors pour l’amour de vos enfants, encouragez-les à apprendre à programmer, à jouer avec la technologie, et surtout à ne pas en avoir peur. C’est l’une des choses les plus importantes que vous pouvez faire afin leur donner les outils pour changer le monde à leur façon plûtôt que de le subir.
La créativité, c’est le refus de subir le monde
Tiens, juste aujourd’hui, tout à fait d’à-propos.
https://www.linkedin.com/pulse/science-project-got-me-invited-white-house-kate-reed
Elle a appris le modeling 3d, un peu de programmation, et carrément de l’ingéniérie. Elle avait une idée. Elle l’a créé.
Dans la même veine,
« The Raspberry Pi has proven to be more than just a way to get kids into IT. It’s broadened their canvas of possibilities. They can look at a problem, dream up a solution, and make it so. »
« They are inventing the future, and for them it’s just child’s play. »
The Raspberry Pi is succeeding in ways its makers almost imagined • The Register
Excellent post Alex! Et dans les 2 ans où tu l’as écris, l’explosion de l’intelligence artificielle permet de régler le problème de « check if the photo is of a bird » n’exige aucun programmeur, ni plus de 5 min. et c’est gratuit! https://cloud.google.com/vision/
Mais pour moi, le plus important, c’est la littéracie technologique, encore plus justement avec l’arrivée de l’intelligence artificielle. Voir cet article du MIT Tech review sur le « préjugé des machines » (machine bias):
https://www.technologyreview.com/s/607955/inspecting-algorithms-for-bias/
Oh et à propos de transmettre la littéracie technologique à nos enfants, voir cet organisme qui organise ateliers para-scolaires et scolaires (j’y suis bénévole depuis 2 ans): http://kidscodejeunesse.org/accueil/
Très bons propos, effectivement les temps changent ! Mais de toute façon, la programmation et le code vont être maintenant obligatoire dans les écoles : https://www.robot-advance.com/actualite-codage-et-robotique-au-programme-des-ecoles-a-la-rentree-130.htm
Ce n’est pas plus mal, il ne faudrait pas que l’on prenne plus de retard sur l’Europe que l’on en a déjà !
La CSDM, plus grosse commission scolaire du Québec est en marche: http://cybersavoir.csdm.qc.ca/programmation/