J’ai fait mon « tease » avec la première partie de cet article, laissant plusieurs « morceaux croustillants » en suspens. Je me rachète derechef.
(À la une en ce moment: la Chine a décidé de bannir le bitcoin, ce qui a beaucoup affecté sa valeur – voir au bas de l’article pour ce que ça change à la situation… en un mot, rien. 😀 )
C’est bien fucké ça… mais qui a bien pu penser à ça?
On l’ignore. Tout ce qu’on sait, c’est que le « white-paper » (la « spécification ») du bitcoin a été
publiée en 2009 par un certain Satoshi Nakamoto, dont le nom est un équivalent japonais de « Jean Tremblay » ou « Bill Smith ». Il pourrait en fait ne pas s’agir d’une seule personne, et il pourrait ne pas être japonais; pas moyen de savoir, personne ne l’a rencontré et il a carrément disparu d’Internet en 2011. On murmure même qu’il pourrait s’agir de la NSA, ou que ce serait la réincarnation libertarienne vengeresse de Charlton Heston. Pourquoi il a fait ça? Probablement pour se remplir les poches (les arguments sont probants), mais reste le phénomène a évolué en un « service monétaire » qui dépasse le simple Ponzi Scheme.
C’est lui qui a émis le premier « maillon » de la chaîne des transactions, qui est une transaction « spéciale » (unique et non-reproductible) déclarée tout simplement comme établissant l’existence de 50 BTC. La validation de cette transaction a généré d’autres bitcoins (voir plus loin), qui ont généré d’autres transactions, et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui. Et vlan: Bitcoin-o-génèse.
Particularités? Dangers? Écueils? No $hit.
Évidemment. Une nouvelle application technologique voit le jour; Comporte-t-elle des risques? Ben devinez quoi, on trouvé une nouvelle façon de faire les même crimes que depuis des millénaires. 😀
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Le vol de bitcoin. Comment voler des bitcoins? Il faut faire comme tout bon Gigolo et cibler le porte-monnaie directement. La principale vulnérabilité est le fichier chiffré contenant les bitcoins (et/ou les mots de passe qui le protègent, éventuellement). Ça se fait généralement sur l’ordinateur lui-même avec des virus, du hameçonnage et autres cochonneries. Pas bien bien compliqué: on cible le fichier porte-monnaie qui contient les bitcoins. On n’a ensuite qu’à transférer les bitcoin à une adresse à soi… anonyme bien sûr. 😀
- Le minage illégal. Si l’ancien « Graal » des malfaiteurs et tenanciers de botnets était l’envoi de spam illégal, il s’est clairement fait déclasser par le mining (beaucoup plus payant). Donc, la prochaine fois que vous visiterez cliquerez sur un fichier de blagues avec des photos de chats envoyé par votre cousine, il y a fort à parier que votre ordinateur sera recruté comme « Zombie » pour miner des bitcoins pour un quelconque moldave dans le besoin. Si vous êtes capables de griller des guimauves sur votre ventilateur de boîtier, c’est mauvais signe.
- Le problème moral et l’économie parallèle. Si vous cherchez des clients potentiels pour une monnaie intraçable et anonyme, vous ne ferez pas longtemps avant de tomber sur du sexe, la drogue et du rock’n’roll. Bitcoin a une capitalisation entre 11 et 15 milliards de $US, et si vous pensez que cet argent ne provient que de la vente de cure-dents, j’ai un pont à vous vendre pas cher (Non, sans blague… le Pont Champlain vaut vraiment pas cher…). Ça donne lieu à des utilisation comme le site de marché Silk Road qui se spécialise en commerce illégal (drogues, armes, etc.). Il n’était accessible que via un « Internet anonyme parallèle » nommé Tor, mais a été fermé plus tôt cette année. En passant, il y a évidemment des théories voulant qu’il y aie des liens entre l’ex-tenancier de Silk Road et Satoshi Nakamoto. 😉
- L’effondrement du système. Ça pourrait arriver. Il est possible que le système de Bitcoin possède des failles qu’on ne réalisera que plus tard, rendant la copie de bitcoins possible ou les transactions non-sécuritaires. Aussi possible bien que moins probable est l’effondrement des algorithmes cryptographiques « en arrière », qui garantissent l’unicité et le propriétaire de la monnaie. Disons que si ça arrive, on va avoir beaucoup d’autres chats à fouetter, à commencer par les transactions par Internet avec votre institution bancaire qui ne seront plus sécuritaires du tout. Vous ne pourrez même plus acheter de « My Little Pony Collector’s Edition » sur eBay.
Le trait de génie: vous l’aviez pas vue venir celle-là
Mais si tout le monde se met au bitcoin, est-ce que le nombre de BTC ne va pas carrément exploser à force que tout le monde fasse marcher ses cartes vidéo Nvidia et ses ATI à plein régime? Ben non, justement, le système utilise deux astuces impressionnantes pour éviter ça.
Premièrement, la quantité de bitcoins pouvant exister est finie: 25 BTC sont émis à chaques 10 minute depuis 2009, et le rythme d’émission qui est divisé par deux tous les 4 ans. On sait déjà qu’à terme il y aura un maximum de 21 millions de bitcoins en 2140. Pas un de plus.
Ensuite, je vous parlais qu’un bitcoin est une « solution », mais cette « solution », c’est la solution à quoi? C’est la solution à la validation des transactions précédentes. Les participants ont donc un incitatif à faire de la validation des transferts de bitcoin, puisque c’est comme ça qu’on en génère. Et le plus beau, c’est que plus il y a de transferts qui se font, plus les validations sont difficiles et coûteuses, ce qui fait en sorte de rendre plus difficile/coûteux la génération de bitcoins, mettant ainsi une pression à la baisse sur la quantité produite, et ainsi de suite.
Relisez lentemant ce qui précède, prenez une gorgée de café et pensez-y bien: ce n’est rien moins que génial.
Au final?
Au final, ce type de monnaie est là pour rester, peu importe ce qu’en disent les banques et les Baby-Boomers. Je n’ai même pas touché certaines propriétés hyper-intéressantes comme les « Contrats BitCoin », qui pourraient révolutionner la fiducie ou l’assurance, mais sachez qu’on n’est pas au bout de nos surprises avec ce type d’usage libéral des mathématiques.
Je m’attends à ce que, comme Napster dans les années ’90, BitCoin (avec des majuscules cette fois: « l’entreprise » au sens large) s’effondre par vertu d’avoir été la première monnaie cryptographique sérieuse. Il y a déjà une légion de monnaies similaires, appellées « Alt-Coins », qui a vu le jour sur le même principe: les Litecoin, Feathercoin, Dogecoin, etc. Certaines ont des concepts intéressant (Litecoin offre une meilleure « proof-of-work », i.e. la quantité de travail requise pour en générer et un peu plus fiable), mais beaucoup sont probablement des GetRichQuick.com .
D’ici-là faites vous à l’idée de payer avec des portefeuilles virtuels 😉 Évidemment, une banque va finir par en sortir une, et peut-être que la promesse de la « monnaie électronique » (tsé celle qui ne dépend pas d’une carte de crédit en ligne …*keuf*Paypal*keuf) sera enfin remplie, quelques décennies après ce flop monumental qu’a été Mondex.
Je prend commentaires et questions, mais pas avant de vous avoir référé à un excellent article sur le sujet, qui a lui-même été référé par Bruce.
This just in! La Chine bannit les bitcoins! … et ne change rien.
Ce que la Chine a fait est de bannir les institutions de faire des transactions en bitcoin, ce qui complique la vie mais n’est pas un « arrêt de mort » en soi, un des avantages de cette monnaie étant justement que les échanges se font souvent directement entre les individus: j’envoie 0.25BTC à Bill, qui me donne 100$. Étant un pays d’opportunités (et donc avec beaucoup de chinois qui s’étaient lancés dans le bitcoin mining), ça a « cassé » le prix en deux, mais il faut se souvenir qu’en partant celui-ci était probablement dans une « bulle spéculative » et était exagéré.
Remarquez, c’est peut-être là le « Waterloo du Bitcoin » dont je parle un peu plus haut, mais ça ne stoppera pas le principe de la monnaie électronique… ce génie-là voudra pas rentrer dans la bouteille 😉
1) Un video qui peut être intéressant plutôt que de lire l’article de Bruce: http://www.youtube.com/watch?v=Lx9zgZCMqXE
2) Ce ne fut pas un Waterloo car la devise a pris plus de 50% en moins de 30h après son creux à 455 hier vs ~700 aujourd’hui (en US$ selon Mt.Gox : http://bitcoinwisdom.com/)
3) La question qui tue : t’en as ?