♫ AAAAAAAAAAAAA, AH-AH AH-AAAH, ESTEBAN ZIA, TAO LES CITÉS D’OOOOOOOR ♫

J’avais fini par céder et par m’offrir le coffret DVD des Mystérieuses cités d’or : dans mes souvenirs, c’était plutôt bon et après tout, peut-être que ma fille aimerait en voir quelques épisodes avec moi avant de se lasser. Je ne m’étais qu’à moitié trompé : c’est encore bon, mais ma fille s’est dévoré les 39 épisodes tellement ça lui a plu. Quand elle a su qu’il existait une saison 2, et bien on l’a acheté malgré mes doutes. Était-ce vraiment nécessaire de faire une suite ? Les concepteurs sauraient-ils rallumer la magie trente ans plus tard, ou n’était-ce qu’une opération bassement commerciale ? Le seul épisode entraperçu à la télé m’avait paru plutôt faible, mais bon comme je ne peux rien refuser à ma fille (ou presque), on a été acheter ce 2e coffret.

Et bien ma fille avait encore raison.

Alors, ça vaut le coup ?
Alors, ça vaut le coup ?

UNE HISTOIRE QUI COMMENCE DOUCEMENT, MAIS QUI SE BONIFIE

Vingt-six épisodes, huit DVD. On est clairement dans une histoire en deux parties, avec deux arcs narratifs dans chaque moitié. Je n’ai pas encore vu la fin, il nous reste encore 4 épisodes à voir. Ça commence plutôt doucement : ça rappelle beaucoup la série originale, au point où on a l’impression que les auteurs sont restés coincés en 1982. Plaisant comme des vieux chaussons, mais un peu décevant comme si on attendait plus.

Et bien ça vient. Peu à peu, le ton évolue, le rythme s’accélère et les auteurs introduisent leurs nouvelles cartes une à une, en douceur. Tu commences avec l’impression d’être retourné en 1982, mais assez rapidement tu t’aperçois que tu t’en fais peu à peu tiré jusqu’en 2016. De ce fait, la deuxième moitié me semble beaucoup mieux que la première.

Une image qui résume bien la situation : des têtes connues, un nouveau décor, et c'est reparti.
Une image qui résume bien la situation : des têtes connues, un nouveau décor, et c’est reparti.

CE QUI NE CHANGE PAS ET C’EST TANT MIEUX

  • L’exotisme ! On change de coin de monde et on délaisse l’Amérique latine pour l’Asie du 16e siècle. Par contre, les auteurs ont prit tout autant soin de souligner les particularités locales, les sites d’intérêts et les coutumes exotiques pour les intégrer dans leur histoire, en évitant généralement les caricatures. Sans pour autant bouder leur plaisir, comme les combats de moines Shaolin.
  • Le documentaire. Il y a toujours un documentaire à la fin. Le ton a un peu changé, l’approche docte et professorale de 1982 a été remplacée par un narrateur plus enjoué et plus léger. Ainsi que par un Pitchu un peu trop omniprésent avec un accent à la Gimli.

  • Le générique. Ceux qui connaissent le générique de 82 ne seront pas perdus, à quelques mots près ce sont les mêmes paroles sur la même musique, remasterisée. C’était efficace il y a trente an, ça l’est toujours autant.

  • Mendoza. Un personnage incroyablement complexe pour un dessin animé pour enfant. La série d’origine nous avait présenté un homme retors, généreux sans jamais être désintéressé, où on se demande toujours si c’est un ami ou un ennemi malin. Après la conclusion épique qui le rangeait définitivement chez les gentils, les auteurs réussiraient-il à lui redonner un rôle un peu trouble ? Et bien oui ! Le personnage de Mendoza garde une terrible ambigüité, même si son dévouement envers les trois enfants ne peut plus faire le moindre doute. A-t-il passé un pacte avec le diable afin de préserver ses protégés, ou joue-t-il double jeu à l’insu de tout le monde ? À quatre épisodes de la fin, je l’ignore encore (pour mon plus grand plaisir).

Mendoza. Dans l'ombre, comme il se doit...
Mendoza. Dans l’ombre, comme il se doit…
  • Les arcs narratifs successifs. Même si l’histoire avance avec la progression de la petite équipe sur le chemin de la cité d’or, chacune des étapes met en place un setting spécifique avec ses intrigues, ses personnages et ses épreuves. On peut donc ainsi développer un arc narratif autonome sur plusieurs épisodes, ce qui permet d’approfondir les liens entre les héros et ceux qu’ils rencontrent. La série originale fonctionnait sur ce modèle avec un certain succès ; celui-ci a été renouvelé.

CE QUI A ÉTÉ AMÉLIORÉ

  • Zia !!! Mon vrai coup de cœur de cette deuxième saison. La pauvre Zia n’était jadis qu’une faire valoir pour Esteban, elle passait son temps à avoir des ennuis que les autres réglaient pour elle. Tout cela est bien fini, les auteurs la font évoluer doucement au fil des épisodes vers une jeune fille beaucoup plus affirmée, qui contribue activement à la résolution des problèmes et qui parfois est celle qui montre la voie (avec une détermination qui fait parfois froid dans le dos). Il y a deux enfants élus et non un seul : il était grand temps que les auteurs s’en rappellent. Et ils ont réussi cela dans bouleverser le personnage, qui reste fidèle à lui-même. Un coup de maître.
Va falloir vous y faire, les gars. La parité est enfin arrivée chez les élus du peuple de Mu (pour les autres peuples on l'attend encore)
Va falloir vous y faire, les gars. La parité est enfin arrivée chez les élus du peuple de Mu (pour les autres peuples on l’attend encore)
  • Le grand condor. Icône incontournable de la série, il fallait qu’il revienne, forcément. Et il fallait qu’il reste lui-même, malgré son look un peu vieillot. Les graphistes ont fait un travail remarquable : c’est le même… mais différent. Forme épurée, pattes affinées et mieux articulées, propulsion lumineuse améliorée, les effets de vents qui accompagnent le décollage et l’atterrissage, les sons mécaniques feutrés qu’il produit… C’est un délice.
C'est le même, mais en mieux. Et il roxe !!!
C’est le même, mais en mieux. Et il roxe !!!
  • Tao, ou celui qui n’est pas l’un des deux élus. La dynamique entre les trois enfants a été améliorée. Avant, il y avait Esteban… et les deux autres. Maintenant que Zia a trouvé sa place, par symétrie Tao trouve la sienne… et elle est moins confortable. En effet, ces trois inséparables ne sont pas tous égaux. Coincé entre les deux élus, Tao est moins égaux que les autres… Et ce petit détail initialement insignifiant ronge peu à peu le pauvre Tao et l’entraine vers un chemin un peu plus tortueux. On se calme, ce n’est pas Anakin Skywalker non plus ; mais ça apporte une touche réaliste aux rapports entre les trois personnages.

CE QUI FAIT MOINS MOUCHE

  • L’alchimie. Les inventions à la Leonard Da Vinci et l’alchimie jouent un rôle de premier plan, avec l’arrivée du personnage d’Ambrosius (qui me fait furieusement penser au Bombastus de « De cape et de crocs », je ne sais pas pourquoi). Mais je remarque que cela génère des situations très verbeuses qui cassent le rythme et qui font généralement décrocher l’attention de ma fille. De plus, cette rationalisation à outrance de ce qui faisait la magie de la science du peuple de Mu n’est pas sans me rappeler quelques midichloriens tant haïs. Serait-il possible d’en savoir un peu moins ?
Ambrosius. Drôle et intéressant, mais bavard. Trop bavard.
Ambrosius. Drôle et intéressant, mais bavard. Trop bavard.
  • La technologie holographique du peuple de Mu. L’alchimie allait un peu loin, je disais. Les plans holographiques à la Star Wars, non, c’est trop. C’est même pire que la maudite machine volante des olmecs, qui était pourtant dure à battre (sans doute une transfuge de San Ku Kai).
  • Un méchant juste méchant. Les adversaires de la première saison avaient la particularité d’être des personnages gris sombres : méchants, mais ambigus. Bon, pas tous, il fallait aussi verser dans la caricature, mais quand même. Ici, le méchant, c’est clairement du manichéisme total. Look Dark Vador, voix qui fait peur, plus fort que tout le monde au combat, et cruel tout le temps (quand il mange un yogourt, il doit certainement le torturer avant). C’est un peu dommage. C’est tout de même compensé par le mystère de son identité : un type qui cache son visage, c’est soit qu’il est défiguré, soit pour ne pas être reconnu. Et seuls les gens connus ont peur d’être reconnus. Alors, c’est qui en réalité ce Zarès ??? (J’ai mon idée, mais aucun élément concret pour l’étayer pour le moment…)
    (je n’ai pas recherché d’image de Zarès sur le web, de peur de tomber sur un spoiler qui me révèle son visage ; je vous en mettrais une plus tard)

  • La chanson de Sancho et Pedro. Non. Juste, non ! Même Disney aurait pas fait ça.

CONCLUSION

À ce stade de la découverte, je dirais que les auteurs ont réussi leur pari. La série est globalement de très bonne qualité et devrait séduire les plus jeunes comme les plus grands. De plus, ils ont réussi à rester fidèles à la série originale tout en lui offrant un bain de jouvence totalement adapté au XXIe siècle. On arrive vers la fin avec le goût d’en voir plus. Et l’enthousiasme que j’ai eu à rédiger cet article en dit long également…

Un bémol cependant : quand vous passerez à la caisse, vous saurez d’où vient l’or avec lequel ont été bâties ces mystérieuses cités d’or. Ouch !

Prêts pour la 3e ?
Prêts pour la 3e ?

PS : en rédigeant cet article, j’ai appris qu’une troisième saison s’en vient. 🙂

Publié par

Cyril

Rêveur professionnel

3 réflexions au sujet de « ♫ AAAAAAAAAAAAA, AH-AH AH-AAAH, ESTEBAN ZIA, TAO LES CITÉS D’OOOOOOOR ♫ »

  1. Zarès : Ah-ah, je le savais ! Mais bon, ils ont vraiment abusé sur les fausses pistes. Si j’avais fait un coup comme ça à mes joueurs, y’aurait eu de la protestation (légitime) autour de la table.

  2. Demain soir, fin de la saison 3.

    Alors, elle est comment ? Ben, comme la saison 2, mais en mieux encore : les tendances se confirment et se renforcent.

    – on a enfin une explication pour la fausse piste pendable qu’ils nous avaient livré dans la saison 2. Ça arrive un peu tard, mais je comprends que les auteurs n’aient pas pu le placer avant.
    – un condor aux multiples utilisations, notamment dans les affrontements à grande échelle… et Zia de plus en plus souvent aux commandes.
    – Zia confirme son rôle de leader douce mais déterminée. Si Esteban sait faire venir le soleil, elle aussi se découvre des dons… assez intenses! Esteban commence à faire pâle figure à côté d’elle.
    – Mendoza nous livre une 3e version de l’ambiguité, mais cette fois-ci bien compréhensible pour nous autres les adultes. Disons qu’il affronte cette fois une ennemie qu’il ne haït point, pour reprendre les mots de Corneille (non, pas le chanteur !)
    – Tentions Tao-Esteban, qui se nourrissent de plusieurs sources. On sent l’adolescence arriver tranquillement.
    – Du voyage ! Japon, Inde, Moyen-Orient…
    – Et un vieil ennemi qui déboule par surprise dans cette histoire, pour notre plus grand amusement.

    Tout cela confirme que réanimer cette série des années 80 était décidément une très bonne idée, du moment qu’on fait les choses bien. 🙂

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